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sérénité, les déprédations des brigands comme une plaie inévitable. Les rapports des « pauvres garçons » avec la population étaient excellents. Ils ne faisaient aucun mal aux gens qui leur payaient un tribut en espèces ou en nature et ne les dénonçaient pas aux patrouilles de pandours. Sur le grand chemin, ils pillaient les riches propriétaires, les bourgeois et les prêtres, mais n’en maltraitaient aucun. Ils ne versaient le sang que là où on leur offrait de la résistance à main armée ou bien où on les livrait à la police.

— Mais un jour, il arriva que cette bande se livra à une orgie de dévastation et de meurtres et n’épargna personne : quiconque tombait entre ses mains subissait d’affreuses tortures, était mutilé et mis à mort. Les châteaux seigneuriaux, les couvents, les cures étaient par elle mis à sac et incendiés : elle détruisait sans merci ce qu’elle ne pouvait emporter. Les juges, les autorités de l’endroit, les pandours eux-mêmes se trouvaient désarmés à l’égard de cette horde sanguinaire. On dut appeler la troupe, mais sans meilleur résultat.

Il ne se trouva bientôt plus personne dans le pays pour fournir aux représentants de la loi non-seulement aucune indication utile à la recherche des brigands, mais faire même un seul coup d’œil de nature à les trahir.