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présenta au prince un gobelet d’or dans lequel il avait l’habitude de boire, mais, auparavant, elle fit semblant d’y tremper les lèvres et d’y goûter.

— À ta santé, s’écria le prince comme il portait le gobelet à ses lèvres ; soudain ce dernier s’échappa de ses mains et roula sur le plancher. Le prince chercha alors à se lever, mais, au même instant, il retomba sur l’oreiller.

Sarolta s’approcha alors du lit avec l’air calme et froid d’un médecin et posa la main sur le cœur de son mari.

Il était mort !…

Bientôt survint la vieille, qui prit la petite fiole contenant le restant du poison, et fit mine de sortir.

— Que vas-tu faire ? demanda la princesse,

— Le mettre dans la poche de la livrée de Férenz, murmura la sorcière.

— Il est couché dans l’office, dit la princesse. Aie soin que personne ne te remarque,

— Oh ! ils dorment déjà tous ce soir, fit Halka en riant, j’ai mélangé quelque chose d’inoffensif à leur boisson de la nuit ce qui nous laisse toute sécurité.

Là-dessus, elle s’éloigna tandis que Sarolta regagnait sa chambre, se déshabillait et s’endormait tranquillement comme si elle eût commis une bonne action.