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plan aussi hardi qu’excessivement habile.

Elle se rendrait en hâte dans le cabinet de travail de son époux pour lui réclamer le châtiment de son valet de chambre, qu’elle accuserait d’avoir cherché à attenter à son honneur.

Le prince ajoutait la plus grande foi à ce qu’affirmait sa femme ; rouge de colère il ne prêta aucune oreille aux dénégations du malheureux Ferenz, mais le fit saisir par ses heiduques[1] qui le lièrent sur un banc et le bâtonnèrent jusqu’à ce qu’il tombât en pâmoison.

Lorsqu’il revint à lui, il reçut l’ordre de quitter le château sur l’heure. Il était néanmoins alors incapable de se mouvoir, si bien que les heiduques le laissèrent couché dans l’office.

Comme la nuit vint, Sarolta, prétextant une indisposition alla s’enfermer dans sa chambre à coucher où l’attendait déjà la vieille. Selon son habitude, le prince lut jusqu’à onze heures, heure à laquelle Ferenz avait accoutumé de lui apporter le breuvage qu’il prenait avant de coucher. Cette fois-ci ce fut Sarolta elle-même qui se présenta à l’improviste chez le prince. « Je suis cause, fit-elle avec le plus doux sourire, que Férenz ne peut aujourd’hui faire son service, aussi bien suis-je venu à sa place. Elle

  1. Gardes attachés à la personne des magnats hongrois.