Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 122 —

vieille, avec un éclat de rire sinistre. Le sort m’a jusqu’ici traitée assez durement pour me convaincre qu’il ne m’apporte rien que la souffrance. Je vous trahirai si peu que, si c’est vous qui manquez à votre parole, nous descendrons ensemble à l’abîme !

Sarolta sursauta.

— Encore une fois, fit la vieille, vous ne pouvez rien sans moi. Je connais votre plan, je l’ai lu dans les astres. Vous désirez être libre, obéir n’est pas dans votre nature, dans votre sein sommeille un besoin de domination absolue. Votre plan réussira, tout vous sera favorable sous tous les rapports et vous aurez aussi la douce jouissance d’assouvir votre vengeance sur un ennemi, néanmoins, quoi qu’il arrive, n’agissez jamais sans consulter la vieille sorcière.

— Je te manderai, lorsque j’aurai besoin de toi, dit la Princesse.

— Jusque là, que Dieu protège votre Grâce.

Dès le lendemain matin, Sarolta s’enferma avec la vieille et s’entretint avec elle du projet qui depuis longtemps déjà était chose arrêtée.

Halka donna le conseil de choisir avant tout la personne que l’on pourrait en toute sécurité accuser d’avoir commis le crime.

Sarolta porta ses vues sur Ferenz, le valet de chambre du prince, et conçut aussitôt un