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— C’est ça même. Eh ! bien savez quel fut le moyen qu’elle employa.

— Je l’ignore.

— Le plus infaillible : elle se baignait dans le sang humain.

— Vraiment ! !… C’est affreux.

— Qu’y a-t-il là dedans de si épouvantable ? continua la vieille ; autrefois les gens possédaient des esclaves assez bons pour cette besogne, et, — aujourd’hui même, — quelle femme ne connaît pas des hommes qu’elle hait ou qui sont ses ennemis et qu’elle sacrifierait avec plaisir en vue de prolonger sa propre vie et sa jeunesse. Mais nous reviendrons là-dessus une autre fois. Car je sais que vous n’êtes pas venue vers moi pour être initiée à ce moyen de conserver la beauté, mais pour tout autre chose.

— Tu penses ?

La vieille présenta à Sarolta une petite fiole de couleur sombre.

— Qu’est cela ?

— Du poison !

Sarolta s’empara vivement de la bouteille. Au bout d’un instant, elle murmura : « Si tu veux me servir fidèlement, Halka, je te récompenserai comme une reine seule peut récompenser. Devant tout le monde retiens ta langue.

— Cette recommandation est inutile, fit la