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Près d’un an s’écoula ainsi, et, ce durant, le couple princier s’aima comme deux pigeons. Tous les amis de Parkany se montraient épris de son épouse, les grandes dames du voisinage commençaient à lui rendre visite, et Emerich von Bethlémy se mit, lui aussi, à s’amouracher d’elle et à faire, en cachette, des excuses à la femme sur laquelle il avait porté un jugement trop précipité.

Par une sombre soirée d’octobre, alors que l’ouragan faisait trembler les fenêtres du vieux château, et hurlait à travers les cheminées, le Prince s’était rendu chez un voisin où avait lieu une réunion politique entre gens du même parti. Sarolta était seule. En proie à un ennui et à une mélancolie indicibles, elle errait à travers le vaste monument ; finalement, elle parvint à la salle des domestiques située au rez-de-chaussée, et demanda après Halka, la sorcière de Parkany, ainsi que les gens l’appelaient.

Personne ne s’aventura à lui fournir des renseignements sur la vieille ; enfin, comme par deux autres fois, la princesse demandait où se trouvait la sorcière, Ferenz, jeune gamin effronté, groom du prince, s’écria : « La sorcière est grimpée à la tour pour s’y livrer à ses enchantements magiques ! »

Là-dessus, Sarolta se mit à gravir les raides