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tion plus dure qu’elle ne me l’est déjà. Aie pitié de moi, laisse-moi m’en aller.

— Non pas ! non pas !… murmura le gentilhomme, relevant la belle femme bien-aimée dont il posa doucement la tête contre sa propre poitrine, nous ne nous séparons pas, Sarolta. J’ai déjà depuis longtemps éprouvé le même remords qui semble aujourd’hui te torturer, et suis maintenant résolu à mettre un terme à une situation qui n’est digne ni pour l’un ni pour l’autre de nous deux. Je veux faire consacrer notre union par l’Église.

— Merci, mille fois merci !… s’écria Sarolta, comment ai-je pu mériter ce sacrifice ?

— En ce que tu te montres envers moi une bonne et fidèle femme, fit le Prince.

— Oui, et je la serai jusqu’à la fin de mes jours, murmura Sarolta. Oui, je serai ta servante, et t’obéirai en esclave…

Avec la hâte d’un fiancé amoureux qui ne peut plus attendre, le Prince se garda bien d’annoncer à sa mère et à ses tantes son mariage avec la bien-aimée, pour la Toussaint. Il en surveilla personnellement tous les préparatifs.

Sur le désir exprès de Sarolta, — dont chaque désir était un ordre pour le Prince, — la cérémonie eut lieu secrètement dans la chapelle du château. Le Prince lui-même conduisit Sarolta