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elle fit asseoir ses convives sur des orties. Elle ne les traitait tous, à l’exception de deux, guère mieux que sa domesticité.

L’un de ces favoris était un jeune et beau gentilhomme dont les propriétés étaient mitoyennes de celles du prince ; il se nommait Emerich Bethlémy. Dès l’échange du premier coup d’œil, cet homme avait éveillé dans le sein de marbre de cette femme sans cœur des sensations étranges, et, plus d’une fois, il arriva à cette dernière de se trahir vis-à-vis de lui, soit par manque de contrôle sur elle-même, soit par écart de langage, ce qui parut une énigme à tout le monde ; mais Bethlémy, qui estimait le prince autant que sa maîtresse le haïssait, reçut les avances de l’impérieuse femme avec une froideur qui rendit tout rapport entre eux impossible, et ne fit qu’attiser la flamme de la passion sensuelle que le gentilhomme avait inspiré à Sarolta.

Le second qui la frappa et qu’elle remarqua aussi, fut le curé de Parkany, le père Pistian.

Ce dernier, jeune prêtre, d’extérieur engageant, que le célibat surexcitait, avait conçu pour Sarolta une passion infernale qu’il cherchait à développer encore en coquetant avec elle, à telles enseignes que, finalement, elle escompta en partie son concours pour la réussite de son plan insidieux.