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gent, toutes les fantaisies de Sarolta, mais, en vérité, il était follement épris d’elle et l’aimait avec une frénésie irraisonnée : un regard d’elle, un geste de sa main, un sourire de ses lèvres l’engageaient à supporter tous les sacrifices, toutes les tortures qu’il plaisait à cette femme de lui infliger. Comme jadis au cirque, chacun au château, comme dans tous les villages appartenant au prince, tremblait devant elle.

Elle donnait tous les ordres et infligeait elle-même, la plupart du temps, tous les châtiments avec l’aide d’une odieuse vieille du nom de Halka et de deux florissantes, fortes et belles jeunes filles, nommées l’une Iéla, l’autre Ersabeth, qu’elle avait choisies dans le voisinage et prises à son service.

Si quelque serviteur ou paysan avait manqué à l’égard de ce tyran femelle, il recevait l’ordre de se rendre incontinent dans la chambre à coucher de Sarolta qu’il trouvait alors d’habitude étendue sur un canapé ; elle lui rappelait sa faute et lui annonçait le châtiment qu’il avait encouru. Au moment même où il apprenait sa sentence, il se sentait empoigné de dos par les deux jeunes filles qui, jusque-là, étaient demeurées cachées derrière une portière. Ces dernières, avant même qu’il eut le temps de se rendre