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— Vous me rendez heureux au-delà de toute expression ! s’écria le prince, et vous aurez aussi la gracieuseté de me permettre de vous servir comme si vous étiez ma maîtresse et moi votre humble serviteur ?

— Je ne suis pas accoutumée à dissimuler et suis parfois inconsidérée dans ma franchise, dit Sarolta pour toute réponse, parce que je suis trop fière pour céler mes sentiments ou cacher mes pensées. C’est pourquoi je veux vous prier d’écouter ce que j’attends de vous : Si les transports que vous inspire l’écuyère s’évanouissent, alors éloignez-vous et oubliez-moi. Non seulement je ne vous en garderai pas rancune, mais je vous en serai reconnaissante. Si, au contraire, vos sentiments à l’égard de cette femme sont tels que vous le dites et que vous soyez convaincu d’autre part que cette femme ne retient l’élan qui l’attire vers vous que dans la crainte que tout votre enthousiasme ne soit qu’un feu de paille et que, si elle vous cédait, elle perdrait tous les brillants avantages qu’elle retire de sa profession, alors je serai à vous.

— Parlez-vous sérieusement, Sarolta ? s’écria le prince, exultant.

— Tout ce qu’il y a de plus sérieusement.

— Alors, vous m’appartenez.

— Pas encore, écoutez d’abord mes condi-