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leusement riche magnat, âgé d’environ cinquante ans, lui parut être absolument l’homme qui lui fallait, celui dont elle avait besoin, que, depuis trois ans, elle ne cessait de rechercher, afin de mettre à exécution ce plan osé et de haute ambition qu’elle caressait.

— Mademoiselle, fit le prince, ne raillez pas mon entrée en matière Je connais votre vertu comme aussi votre caractère despotique ; je sais que vous ne tolérez que des esclaves. Je ne vous parlerai donc point d’amour, mais me permettrai de vous dire que, depuis que je vous vis au manège hier soir pour la première fois, je vous adore, comme je n’ai jamais encore adoré aucune femme, que tout ce que je possède vous appartient, et que je ne désire rien tant que le droit d’être votre serviteur, votre esclave.

— Oh ! vous devez désirer quelque chose de plus ! reprit Sarolta avec un sourire aimable. Je mentirais si je vous disais : je vous aime. Peut-être même ne suis-je pas du tout capable d’aimer un homme ; quoi qu’il en soit, vous m’inspirez un intérêt peu ordinaire. Puis-je donc aujourd’hui vous poser la question qu’hier, de votre propre loge, vous m’avez vous-même posée et à laquelle jamais, au cours de ma carrière, je ne me suis permise de répondre d’une façon effective à qui que ce soit.