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après une représentation des plus fatigantes et portait encore ses coussins de soie, sa camériste vint lui annoncer qu’un monsieur désirait instamment lui parler. Elle lui fit dire de revenir plus tard, mais il ne se laissa pas congédier ainsi et sollicita avec encore plus d’insistance la faveur d’une audience, passant sa carte à l’appui de sa requête.

Sarolta, d’un geste impatient, prit le bristol sur le plateau d’argent que lui tendait sa femme de chambre, et lut : « Julius, prince Parkany » ; elle soutint sa belle tête sur son bras superbe et sculptural et parut réfléchir, puis elle dit enfin : « Il peut entrer ».

Le prince s’avança vivement tout auprès de sa couche ; mais, comme la redoutable femme renouait sa chevelure éparse qui lui encadrait le visage comme des rayons de soleil, il aperçut à travers les moelleux replis de la couverture de fourrure sombre qu’elle avait jetée sur elle, sa gorge marmoréenne de Vénus, plus soulevée que voilée ; il en demeura un instant comme pétrifié, puis, revenu de son extase, il tomba à genoux devant elle.

Sarolta le considéra de son regard fin et perçant et ne le congédia pas : elle prenait plaisir à le voir. Elle ne pensa néanmoins pas qu’elle pût l’aimer un jour ; cependant ce beau et fabu-