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thètes les plus flatteuses, des diminutifs les plus doux et des superlatifs les plus enthousiastes. Personne n’aurait osé lui ouvrir la barrière ou l’aider à descendre de cheval, car un de ses galants, se hâtait toujours, en ce cas, de lui présenter la main, alors qu’elle, sans le remercier, sans même lui adresser un coup d’œil aimable, posait son pied dans cette main, puis s’élançait à terre. Elle était désormais maîtresse de la situation et entendait bien jouer maintenant à la despote consommée, comme autrefois à la fille et à l’écolière. Elle possédait sa propre garde-robe, et, malheur à la dame de la troupe qui venait à sa rencontre lorsqu’elle s’annonçait ou qui, recevant l’ordre de s’écarter, n’obéissait pas à son injonction, elle lui faisait accomplir le service de femme de chambre. Elle n’épargnait pas plus la directrice, qui, maintenant, lui enlevait et lui mettait les bottes avec enthousiasme, recevant des gifles pour tout remerciement. Tous étaient ses esclaves et elle régnait à l’aide de la cravache qu’elle appliquait même sans aucun égard à cet athlète qu’était Brown, comme aussi à ce chétif petit clown : Monsieur Jacques ; et point n’était besoin d’une raillerie ou d’une désobéissance pour attirer l’emploi de son sceptre élastique ; elle maltraitait les gens par plaisir, elle tortu-