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directeur et de toute la troupe et se mit à son tour à tyranniser ses anciens tyrans.

Partout où la troupe donnait des représentations, Sarolta était poursuivie par les assiduités des hommes les plus beaux et les plus opulents des lieux où elle passait ; mais elle affectait une froideur incroyable à l’égard de leurs avances, de façon qu’elle reçut bientôt universellement le surnom de « la vertueuse écuyère ».

CHAPITRE V

La vertueuse écuyère

Le contrat de trois ans que Sarolta avait signé avec son directeur était près d’expirer, alors que la troupe donnait des représentations à Budapesth et y causait une telle sensation, spécialement grâce à la beauté et à la témérité de Sarolta, qu’une grande partie de la noblesse du pays se rendit dans la capitale hongroise afin d’y assister aux représentations données par le cirque Cibaldi car, pour tout vrai Magyar rien ne surpasse le spectacle. Or ça ne faisait pas du tout l’affaire de signor Cibaldi de perdre à un tel moment la perle de sa troupe ; aussi bien s’appliqua-t-il à faire signer un nouveau contrat à Sarolta. Pour l’y amener, il rampa littéralement devant elle et la combla des épi-