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nommait maintenant comme écuyère, — si bien que l’exsangue Arabella en était fortement inquiétée.

Ainsi, Sarolta apprit à franchir comme en jouant tous les obstacles. Dès le premier jour, elle fit preuve à cheval de l’adresse et de la hardiesse d’une amazone consommée, elle se livra aux exercices les plus dangereux avec une espèce de courage moqueur qui sentait la pratique, témoignant toujours d’une application de fer, absolument infatigable. Elle obéissait aux commandements du patron avec la même passivité aveugle que l’eut fait un cheval.

Toutefois, plus elle donnait de satisfaction à Cibaldi, plus eut-elle à souffrir des autres.

Monsieur Jacques, le clown, s’était mis à amuser toute la troupe à ses dépens, se permettant à son égard les plaisanteries les plus triviales, mais, au lieu de se mettre à pleurer ou à gémir sur son sort, — comme toute autre novice l’eut fait à sa place. — elle ne faisait qu’en rire, et son hilarité désarmait le railleur.

La grossièreté de Brown, l’écuyer de tours de force, ne provoquait chez elle que la politesse la plus raffinée. Aux piqûres et aux calomnies de Miss Stanette, la première écuyère, elle n’opposait que d’humbles prévenances, mille services et mille complaisances ; quant aux tours de