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lèvres pourpres au baiser de son époux, Anna, à travers la fenêtre grande ouverte, fit vivement feu du premier sur elle, du second sur son ex-amant ; elle vit alors le baron Steinfeld tomber lourdement sur le plancher, puis d’un bond de tigresse, elle s’enfuit à travers le parc, puis gagna la lisière d’un bois voisin. Arrivée sur une colline, elle prêta l’oreille, et, comme tout était tranquille, elle arma de nouveau ses pistolets. Elle était décidée à tout…

Après s’être reposée quelques instants, elle reprit sa course, en proie à deux pensées absorbantes. La première était : je l’ai tué, je me suis vengée ! la seconde : je vais me sauver et commencer une vie nouvelle, une vie ayant pour règle la haine de l’homme et l’égoïsme !

CHAPITRE IV

Qui veut commander doit apprendre à obéir

Par les chemins montagneux, jadis parcourus par d’audacieux contrebandiers, chemina Anna Klauer jusqu’à la petite ville bavaroise de Gravenau. De là, elle se fit conduire par une carriole de paysan jusqu’à la station du chemin de fer la plus rapprochée. Quelques heures après, elle se trouvait à Munich.

Dans cette ville royale, elle reprit enfin pleine