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Elle se trouvait ainsi à l’abri de tout besoin. Puis elle alla s’installer dans une petite demeure des environs de Laxenbourg et s’y enferma en attendant le retour du baron à Vienne ; mais cette fois, les événements furent plus forts qu’elle. Elle ne put mettre son plan à exécution et tout tourna autrement qu’elle le désirait, qu’elle l’avait pressenti. Un de ses anciens serviteurs, qui se trouvait encore en service, avait entrepris de surveiller les allées et venues du baron Steinfeld. Or, le jour même où elle ressentit les premières douleurs, ce serviteur vint lui apporter la fatale nouvelle que, provisoirement le traître ne rentrerait pas à Vienne, mais passerait le reste de l’été dans un château du sud de la Bohème, appartenant à sa femme.

Cette nouvelle venait à une mauvaise heure. Au moment décisif, l’infortunée se fit violence à elle-même et fit le premier pas terrible dans la voie du crime, avant même de se rendre exactement compte des effrayantes conséquences que pourrait avoir son acte.

Comme le soir tombait, son pauvre cœur altier n’eût qu’une pensée : cacher sa honte au monde. Jusque là, elle était parvenue à dissimuler à tous ses gens le véritable état dans lequel elle se trouvait. Mais désormais, elle pouvait à toute heure se trahir. Elle prit donc rapide-