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en outre, une dame, qui occupait une stalle proche de la sienne lui apprit que la personne en question était une certaine comtesse Thurn, douée d’une immense fortune.

Anna en savait assez. Avant l’acte suivant, elle quitta le théâtre.

Comme la représentation était terminée, le baron vint, comme d’habitude, prendre le thé chez Anna.

Cette dernière l’enveloppa d’un regard sinistre.

— Tu as fort bon goût de me venir trouver alors qu’à l’instant même, tu viens de quitter ta bien-aimée, ta fiancée. — Fais choix entre elle et moi !

— Qui t’as dit ça, fit le baron Steinfeld, les joues empourprées.

— Ne ment pas, je t’ai vu à son côté, dit-elle d’un ton d’acier.

— Tu m’espionnes aussi, s’écria-t-il, tu suis mes pas et je te trouve sur mon chemin pour me compromettre ?

— Je pense que, jusqu’ici, si quelqu’un a compromis quelqu’un ou quelqu’une c’est toi, misérable, fit-elle avec feu.

N’es-tu pas venue de ton plein gré vers moi ? répondit le baron, ne t’es-tu pas offerte ? Si je ne t’avais prise, le plaisir eut été pour un