de longs cheveux blancs, une moustache pendante et des yeux madrés. C’était Siméon Ostrov, le juge. Un sourire mélancolique glissa sur sa face terreuse lorsqu’il nous aperçut.
— Il y a longtemps que vous êtes là, messieurs ? dit-il. Ce n’est point de ma faute, je vous assure.
— Alors nous sommes libres de partir ? demanda le boyard.
— Certainement, répondit Siméon le juge.
— Il est vrai que c’est trop tard maintenant, reprit l’autre : je veux dire pour moi ; mais vous, dit-il en se tournant vers moi, vous en profiterez ? Que Dieu vous conduise. Bonne santé !
La Juive s’était approchée ; il la regarda en souriant, lui prit le menton ; elle devint cramoisie. Il fit mine de sortir, revint, et, me serrant la main :
— Eh quoi ! s’écria-t-il, l’eau rejoint l’eau, et l’homme retrouve l’homme[1].
J’étais debout sur le seuil pour le voir partir ; il salua encore une fois de la main, puis la voiture disparut. Je me retournai vers le Juif. — Aïe, c’est un homme jovial, gémit ce dernier, un homme bien dangereux ! On l’appelle Don Juan de Kolomea.
- ↑ Dicton petit-russien : voda s vodolu sidiatia a tcholovik s tcholovikom.