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sur la table, et me dit d’un ton enjoué : — Voilà que je vous conte des histoires de chasse ; mais vous allez voir les griffes, — il écarta sa chemise, et je vis imprimées dans ses flancs comme deux mains de géant toutes blanches ; — il m’a rudement empoigné !

Les verres étaient vides. Je fis signe à Mochkou de nous apporter une autre bouteille.

— C’est dans cet état que je fus trouvé par les paysans, continua mon boyard. On me porta chez les Senkov ; j’y demeurai longtemps au lit avec la fièvre. Quand je recouvrais mes sens le jour, je les voyais assis autour de moi, avec ceux de chez nous, comme autour d’un moribond ; mais le père Senkov disait : Ça va bien, ça va très bien, — et Nicolaïa riait. Une fois, je m’éveille la nuit et regarde ma chambre, qui n’était éclairée que par une veilleuse ; j’aperçois Nicolaïa qui priait à genoux… Mais laissons cela : c’est passé, de loin en loin seulement je le revois en rêve. N’en parlons plus… Vous voyez que j’en suis revenu. Depuis lors, la britchka du père Senkov stationnait souvent dans notre cour, et celle de mon père chez eux ; parfois les femmes étaient de la partie. Les vieux parents chuchotaient ensemble, et quand je m’approchais, Senkov souriait, clignait les yeux et m’offrait une prise.

Nicolaïa m’aimait, ah ! de tout son cœur, croyez-le bien. Moi du moins, je le croyais, et les vieilles gens aussi. Elle devint donc ma femme. Mon père me remit la gestion de notre bien ; Nicolaïa eut en dot un village entier. La noce eut lieu à Czerneliça.