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maison, ayant l’œil à tout ce qui se fait, ordonnant tout, réglant tout. Je la vois passer comme une valkyrie sur son cheval noir, et je puis m’occuper tranquillement de la haute direction des travaux, car je sais qu’elle se chargera de tout ce qui concerne l’exécution.

» Avant de voler de ses propres ailes, il faut qu’elle apprenne à m’obéir. Je dis : Telle chose doit se faire, et cela lui suffit. Si parfois elle a eu des doutes quant au succès, sa joie n’en est que plus grande en voyant mes calculs se réaliser, et sa confiance s’en accroît. Nous avons ordonné notre vie avec une précision militaire. À midi, avant de nous mettre à table et à la fin du jour, elle vient faire son rapport avec le sérieux d’un vieux sergent chevronné. Pendant la journée, nous ne nous voyons guère qu’à l’heure du dîner. En sortant de table, on prend un peu de repos : nous fumons nos cigarettes russes, nous lisons les journaux, nous jouons au billard, nous tirons à la cible avec des pistolets de salon. Le soir, notre besogne terminée, nous prenons le thé, et, pendant que l’eau chante dans le samovar, on cause, on se fait la lecture, ou bien encore on reste sans rien dire, la main dans la main ; elle appuie la tête sur mon épaule, et nous rêvons. Quelquefois elle s’endort dans cette position, alors je la soulève dans mes bras et l’emporte dans la chambre à coucher,… où le public n’entre pas : le seuil est gardé par les gnomes familiers aux vénérables barbes blanches.

» Je termine ici ; ma femme a besoin de moi. Tu