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entrelacées de rubans rouges. Ses grands yeux bleus paraissaient encore plus grands et plus lumineux dans le cadre sombre de ses longs cils.

— N’est-ce pas le type de la Fornarina ? me dit le comte en français, sans détourner les yeux.

La jeune fille sentit qu’il était question d’elle. Sans me laisser le temps de répondre, elle s’écria en fronçant les sourcils avec dépit : — Que me voulez-vous alors ? qu’avez-vous à parler entre vous ?

— Nous avons perdu la route, repartit le comte. Veux-tu nous conduire ?

— Vous ne savez donc pas vous guider sur le soleil ou d’après les arbres ? dit-elle d’un ton railleur.

— Comment cela ?

— Regardez, dit-elle en frappant de la main le tronc de l’arbre le plus voisin. Qu’est-ce que vous voyez là ?

— De la mousse.

— Et ici ? — Elle touchait le côté opposé du tronc.

— Ici je ne vois rien.

— C’est cela, poursuivit-elle. Examinez ces arbres ; ils sont tous moussus, mais d’un côté seulement, et c’est toujours le même côté, et là où se trouve la mousse est le nord. — Un sourire découvrit ses dents de nacre.

— Veux-tu nous montrer le chemin ? dit le comte.

— Pour aller où ?

— À Lesno.

— Eh bien ! venez.