jeunesse, on le disait dédaigneux des femmes, voire misanthrope.
Un soir, — nous avions exterminé beaucoup de bécasses, et nous prenions le thé après avoir changé nos bottes et nos vêtements mouillés, — je le questionnai à ce sujet. Il se mit à sourire. — C’est bien simple, répondit-il. Au lieu de jouer ou de faire la cour à quelque jolie femme incomprise, je travaille comme un paysan, afin de mettre en valeur mes propriétés délabrées ; au lieu de faire des dettes nouvelles, je paie celles de mon père. Au reste je dédaigne si peu les femmes que je songe sérieusement à me marier.
— Toi ?
— Oui, moi. L’ordre sera absent d’ici tant qu’il n’y aura pas une brave ménagère à la maison.
— Fort bien ! et où trouveras-tu ce qu’il te faut ?
— Je veux trouver, répliqua mon ami avec son assurance enjouée, et je trouverai.
— Alors j’admire que tu aies le courage de te marier par le temps qui court.
— Pourquoi donc pas ? dit le comte. Je n’ai pas peur que ma femme me trahisse, car je saurais être au besoin « le médecin de mon honneur. » Ce ne serait pas assez ; je veux vivre heureux et voir ma femme heureuse à mes côtés. Je te dirai une autre fois comment je compte m’y prendre. J’ai mes idées là-dessus ; mais ce soir tu es fatigué, et tu tombes de sommeil.
— Pas le moins du monde…
— Trêve de compliments ! ça se voit assez. Je