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plus, je suis à bout. Je deviendrais folle. ― Et elle se remit à sangloter.

Son mari ne répondit pas. Il déchargea le fusil, puis remonta chez lui sans mot dire.

Olga l’avait suivi. Appuyée à la fenêtre, les bras croisés, elle le contemplait.

― Tu ne profères pas une parole, dit-elle enfin ; je n’en vaux pas la peine ?

― Je ne parle jamais avant d’avoir réfléchi, répondit-il. As-tu bien songé à ce que tu viens de me dire ?

― Si j’y ai songé ! J’ai passé des nuits à pleurer, à prier Dieu de me délivrer !

— Alors il faut aviser, dit Mihaël sans s’émouvoir.

― Eh bien ! avise.

― Tu n’es pas heureuse ici ? Cette vie solitaire n’est pas de ton goût ?

― Non !

― Tu ne peux la supporter ?

― Non !

― Eh bien ! désormais tu vivras selon tes désirs. Reçois des visites, invite tes amies, va chez les voisins, danse, monte à cheval, cours à la chasse avec qui tu voudras. Je n’y fais pas d’objection.

― Je te remercie, dit Olga assez embarrassée.

― Ne me remercie pas.

― Tu es fâché ? dit-elle avec inquiétude en séchant ses larmes.

― Je ne suis point fâché. ― Il l’embrassa, puis