mettra de n’en parler à personne, pas même à Olga… elle en mourrait de honte.
― À personne ! répondis-je très ému.
Je me penchai pour la relever ; elle secoua la tête, puis, la laissant retomber sur la poitrine : ― Il faut qu’il sache tout maintenant, murmura-t-elle ; mais il me jurera de ne rien révéler. Y consent-il ?
― Oui, répondis-je.
À ce moment, le chien sortit de sa retraite, la flaira et poussa un aboiement sourd en montrant les dents. Elle se pencha et se mit à le caresser ; il se retira sous le lit tout tremblant.
― Il le faut, reprit-elle en soupirant, je ne puis me taire. ― Elle avait croisé les bras sur la poitrine dans l’attitude humble d’une pénitente. ― Il me comprendra, poursuivit-elle d’un ton confidentiel pendant qu’un frisson parcourut mes membres. Il ne sera pas question de crimes : Olga n’a voulu faire de mal à personne ; l’histoire qu’elle va raconter est bien triste, voilà tout…
III
… Je vois à travers les choses, rien ne m’est caché ; je lis au fond des âmes. Olga elle-même m’apparaît comme une personne étrangère, pour laquelle je n’éprouve ni haine ni amour. ― Elle eut un sourire plein de mélancolie. ― La voici toute petite encore. C’est une enfant gracieuse, avec ses bras ronds brunis par le soleil, ses boucles noires, ses grands