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une main appuyée sur ma voiture, et de l’autre frôlant le sable avec le manche de mon fouet.

Le dimanche suivant, je rencontre ma Catherine,… pardonnez-moi si je dis ma Catherine, c’est une bête d’habitude,… je la rencontre donc à l’église ; je fais ma prière en conscience, la regarde seulement en dessous de temps en temps. Après la messe, au moment où la foule va sortir, il y a une presse extraordinaire autour du bénitier ; j’y arrive en jouant des coudes, et j’apporte à la jolie Catherine l’eau bénite dans le creux de ma main. Elle sourit, trempe ses doigts, se signe, m’asperge ensuite, la petite coquine, et se sauve en courant.

Depuis lors, je ne pus la chasser de ma pensée ; voilà mon malheur. Je m’étudiais à trouver des occasions de la rencontrer sans avoir l’air de le faire exprès. Mon Dieu, une histoire d’amour comme tant d’autres ! Un jour, j’avais été appelé au château pour la robot[1] ; je la vis qui sortait de la grande porte. Le seigneur était à sa fenêtre, en robe de chambre, et il fumait son tchibouk. Catherine vint se faire une occupation à côté de moi ; je n’y fis pas attention. Au bout de quelques minutes : — Je m’en vais maintenant, Balaban, me dit-elle.

— Tant mieux, répondis-je à mi-voix. Que venez-vous chercher au château ? Ce n’est pas la place d’une jolie fille comme vous.

Elle rougit, je ne sais si ce fut de dépit ou de honte. — Qu’est-ce que cela peut vous faire ? reprit-elle d’un ton dégagé.

  1. Corvée ; abolie depuis 1848.