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EAU DE JOUVENCE

— Ce qu’il y a de certain, c’est que cette femme est aussi cruelle que belle, et qu’elle semble éprouver une volupté suprême à torturer ceux qui, par quelque faute, lui tombent sous la main, ne se lassant pas d’inventer des supplices nouveaux, ni de voir ses victimes mourir dans les tourments. Elle les condamne sans pitié. L’hiver dernier, peu de temps avant de retourner à Vienne, elle fit enchaîner une servante coupable sous la fontaine qui coule dans la cour de son château, et, enveloppée de chaudes fourrures, la regarda se transformer en glaçon.

— C’est une histoire comme il s’en raconte dans les chambres des fileuses…

— J’aime à le croire, dit Emmerich. En tous les cas, votre sœur peut compter sur ma protection.

— Je vous remercie, répondit avec empressement Koloman, qui serra la main du jeune homme.

En pénétrant dans la vaste cour du château d’Effeith, Koloman jeta à Emmerich un coup d’œil significatif, comme pour lui rappeler leur entretien.

Un singulier spectacle s’offrait, dès l’entrée, à leur vue. Un adolescent, qui paraissait de bonne