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EAU DE JOUVENCE

magnats du royaume se rendaient en procession chez le vieux Bathory pour briguer sa main. Mais elle, voulant être, à la fois, la plus belle, la plus riche et la plus considérable du pays, choisit le vieux Nadasdy, lequel mourut peu de temps après, grâce, dit-on, à une substance que la jeune femme mêla à ses aliments.

— Qui prétend cela ? cria Isabelle irritée. Toi seul et personne d’autre.

— Cela est-il si invraisemblable ? poursuivit Koloman. D’après la loi hongroise, la Comtesse, devenue libre, disposait en souveraine des immenses propriétés de son mari. Or, cette femme n’est point faite pour supporter le joug d’un maître. Elle vit alternativement à Vienne et dans son château, entourée de nombreux serviteurs. Le temps passe sur elle sans laisser de traces, tandis que les jeunes servantes qui l’entourent, disparaissent les unes après les autres de la manière la plus mystérieuse.

— Comment expliquez-vous cette énigme ? questionna Emmerich.

— Prends garde à ce que tu dis, interrompit Isabelle en colère. Cela pourrait te coûter cher.

Koloman se tut pendant quelques instants. Puis il reprit.