Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
EAU DE JOUVENCE

conduis ma sœur à la comtesse Nadasdy, qui doit parfaire son éducation. S’il vous convient, nous chevaucherons de compagnie, ce sera un avantage pour tous les deux.

Emmerich se joignit volontiers au voyageur, qui lui parut noble et Chevaleresque, et demanda à être présenté à Mlle de Perusicz à qui il offrit, selon les lois de chevalerie, le service de son épée.

Tout en cheminant, il découvrit que le gentilhomme avait de la répugnance à mener sa sœur à Effeith. Il devina même, par quelques paroles échappées çà et là, qu’il l’y croyait sérieusement en danger. La jeune fille le raillait de ses inquiétudes. La Comtesse passait, en Hongrie, pour une grande dame à qui l’on pouvait, sans crainte, confier des jeunes filles, son train de maison princier offrant aux demoiselles de noblesse appauvrie, la meilleure occasion de se perfectionner dans les manières du grand monde et de jouir des plaisirs de leur âge.

— Il circule de singuliers bruits au sujet de l’éternelle jeunesse de la Nadasdy, dit enfin Koloman, sans tenir compte des signes que lui faisait sa sœur. Déjà, comme jeune fille, elle passait pour la plus belle de toutes les femmes de Hongrie, les