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EAU DE JOUVENCE

— Dis-tu vrai, mon enfant ? s’écria la comtesse joyeuse et étonnée. Et tu n’as jamais aimé ?

— Jamais.

La séductrice se pencha vers lui avec un doux sourire, et passa ses doigts à travers les boucles soyeuses de ses cheveux.

— Sais-tu qu’à présent, tu mes doublement cher ? Viens, assieds-toi à mes pieds.

Emmerich prit place sur un tabouret et posa sur les genoux de la jeune femme, sa tête ivre d’extase. Elle glissa son bras moelleux autour de son cou et parla.

— Promets-moi quelque chose.

— Tout ce que vous voudrez.

Elle baissa la voix.

— Accompagne-moi à mon château d’Effeith, quand j’y retournerai.

— Vous permettez ?

— Je commande, reprit-elle en un sourire. Me permets-tu de commander ?

— Comme au dernier de vos valets.

Elle le considéra avec une expression indéfinissable, puis s’écria :

— Prends le luth, Emmerich, et chante-moi un air.