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EAU DE JOUVENCE

cordait d’inimaginables privautés en le traitant comme un enfant.

— La fréquentation d’une femme intelligente contribue à former un jeune homme mieux que dix savants professeurs, disait-elle volontiers. C’est une deuxième université, où il doit compléter ses études.

Et elle veillait à ce qu’Emmerich fût un ardent disciple.

Un jour, il pénétra dans sa chambre pendant qu’une des jeunes et jolies demoiselles qui la servaient, était occupée à lisser son opulente chevelure. Il s’arrêta intimidé, sur le seuil, mais la Comtesse l’engagea à entrer et le reçut aussi ingénument que s’il avait été l’une de ses caméristes. Comme elle riait et se rejetait sur son fauteuil, il arriva que ses cheveux se prirent au peigne d’or que tenait la jeune fille et furent tirés assez violemment.

La comtesse bondit, les yeux étincelants de colère, et regarda la coupable, qui tomba à genoux en implorant son pardon.

— Je devrais te faire octroyer le fouet, dit la Comtesse d’un ton sévère qui surprit Emmerich. Mais je serai indulgente et ne punirai que la main qui vient de m’offenser.