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EAU DE JOUVENCE

Stahremberg en baissant la voix. Quant à ce qu’il y a de vrai dans cette légende, je ne saurais vous le dire.

— Et vous supposez que la Comtesse ?… poursuivit Czernin.

— Ce sont des contes de nourrices et rien de plus, interrompit l’Italien.

— De telles insinuations, s’écria Emmerich, sont des flatteries à l’égard de la Comtesse et la meilleure preuve que sa beauté est si céleste, qu’il faut, pour l’expliquer des raisons surnaturelles.

— C’est tout à fait cela, opina Maffei.

Quelques jours plus tard, Emmerich se faisait présenter par Stahremberg à la comtesse Elisabeth Nadasdy, qui reçut les gentilshommes de la manière la plus bienveillante. Durant la conversation, qui roula en majeure partie sur les événements et les luttes religieuses de l’époque, la belle et éternellement jeune femme fixa, à maintes reprises, ses grands yeux bleus sur Emmerich, dont l’air de candeur et l’enfantine naïveté lui promettaient un agréable passe-temps. Elle le pressa de revenir très souvent et, bientôt, on vit Emmerich journellement dans sa maison. Elle le distinguait ouvertement parmi tous les visiteurs qui entouraient sa hautaine beauté comme d’une cour officielle, et lui ac-