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EAU DE JOUVENCE

elle ne traverse Vienne qu’en oiseau de passage.

— La Nadasdy ! répartit Maffei. Serait-elle vraiment le miracle de beauté dont tout le monde parle ?

— Moi-même j’en ai entendu parler, fit Emmerich, et c’est beaucoup dire, m’étant plus occupé d’armes et de chevaux que de femmes.

— Oui, c’est une femme qui n’a pas sa pareille, affirma Stahremberg.

— Je voudrais bien l’apercevoir une fois, murmura l’Italien.

— Moi aussi, ajouta Emmerich.

— Rien n’est plus facile, repartit Czernin.

La Comtesse est depuis quelques jours à Vienne et, tous les jours, on la peut voir à la messe de Saint-Stephane. Vous aurez là tout le loisir de la contempler.

— Allons-y, proposa Emmerich.

Tous furent d’accord, et les quatre amis faisant demi-tour, se dirigèrent, à travers la place, vers la majestueuse cathédrale. L’église était pleine de fidèles et les jeunes gens eurent de la peine à se frayer un chemin jusqu’aux grilles du maître-autel d’où l’on pouvait parcourir du regard les bancs garnis de velours rouge réservés aux patriciens.