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LA JUDITH DE BIALOPOL

— Suis-moi, commanda-t-elle.

Les sentinelles du camp, qui connaissaient Judith, la laissèrent passer. Ils arrivèrent à la forêt. Aucun des deux ne prononça une parole. Lorsqu’elle eut retrouvé la dalle qui fermait le souterrain, Judith fit signe à son mari de la soulever. Il obéit, et elle descendit dans l’abîme, marchant devant lui dans l’obscurité des couloirs.

Il continua de la suivre, en silence.

Parvenue à la cour du château, Judith s’assit sur une pierre en disant :

— Va chez le staroste et dis-lui que c’est fait.

Tu as tué le pacha ? s’écria Abrahamek, joyeusement surpris.

— Oui, je l’ai assassiné, murmura Judith, qui perdit connaissance.

L’angoisse et l’émotion l’avaient terrassée. Mais, bientôt, on la rappela à elle et le peuple l’acclama.

Le staroste monta sur les remparts pour observer le camp des Infidèles. Aucune agitation ne s’y faisait remarquer. Le soleil était déjà à son zénith, que le camp des infidèles était encore plongé dans le plus profond silence. Le jour passa, le soir vint et la nuit, sans que les assiégeants eussent trahi la moindre inquiétude. Mais, au matin, l’emplacement