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LA JUDITH DE BIALOPOL

vanté et commençait à maudire le jour de sa naissance.

— Trouve mieux, dit le pacha.

— Ordonne qu’on l’attache à un pieu, la tête en bas, au-dessus d’une fourmilière.

— Ce châtiment serait encore trop doux.

— Tu as raison, convint Judith. Eh bien, pour son plus grand tourment, laisse-le… vivre.

— Qu’entends-tu par là ?

— Vivre comme un esclave, comme un chien que tu pousses du pied, pendant qu’il verra comme je t’aime.

— Tu es une femme avisée, Judith, murmura le pacha en souriant. Qu’il en soit fait comme tu l’as dit. Il vivra et sera mon esclave.

Le juif poussa un gémissement. Son nouveau maître s’approcha de lui et le toisa d’un regard méprisant.

— As-tu entendu, esclave ? tu es à mon service et malheur à toi, si tu te montres désobéissant ou maladroit. Détachez-le.

Les soldats obéirent.

Le pacha saisit le fouet qui lui servait à châtier ses serviteurs et, d’un ton qui excluait toute résistance, commanda :