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LA JUDITH DE BIALOPOL

C’étaient la belle Judith et son esclave, se dirigeant, au clair de lune, vers le camp des Infidèles.

Le pacha rendait de grand matin justice devant sa tente. Sur une luisante peau d’ours brun étendue sur la neige, il se tenait accroupi, les jambes croisées, écoutant plaignants et accusés.

Lorsque Judith et son guide entrèrent dans le cercle, le regard de la juive alla droit à celui vers qui elle se croyait envoyée par une puissance supérieure ; elle dut reconnaître qu’il ne manquait ni de beauté ni de noblesse. Son mâle visage encadré d’une barbe noire et qu’éclairaient de grands yeux dominateurs, avait quelque chose de particulièrement fascinant pour une femme. Un turban à aigrette de héron lui donnait l’air majestueux, et la somptueuse pelisse verte, bordée de zibeline, qu’il portait par-dessus une robe étincelante de blancheur, caressait ses membres vigoureux.

Bientôt, les yeux du pacha eurent découvert la belle jeune femme dans l’assistance. Il les laissa