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LA JUDITH DE BIALOPOL

rouge brodé d’or et de perles ; dans sa chevelure foncée, étincelaient des rubis et des émeraudes d’une inestimable valeur. Enveloppée d’une mante à capuchon, elle sortit de la maison par la porte de derrière, se dirigeant tout droit vers le château du staroste.

— Que désirez-vous, belle et héroïque femme ? lui demanda le staroste, sitôt qu’il l’aperçut. Chaque faveur vous est d’avance accordé.

— Tant mieux, répliqua Judith. Je ne puis plus voir la misère et le désespoir de cette ville. Je veux sortir et me rendre au camp de ces barbares. Je veux me sacrifier pour le salut de tous.

— Que vous proposez-vous ? fit le staroste épouvanté.

— Ne le demandez pas, mais laissez-moi sortir, seigneur, je vous en conjure. Faites ouvrir pour moi la petite porte du souterrain qui conduit dans la campagne, et, si Dieu veut, je sauverai notre ville.

Le staroste consentit avec répugnance.

— Et votre époux, demanda-t-il, est-il d’accord avec vous ?

— Il ne sait rien encore de ma décision, mais ne peut y faire obstacle. Permettez que je lui parle devant vous.