Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
LA JUDITH DE BIALOPOL

Tout à coup, une partie importante des remparts se trouva aux mains de l’ennemi ; bourgeois et juifs qui, réunis, défendaient la porte de la ville, se trouvèrent inopinément assaillis de dos ; saisis de panique, beaucoup prirent la fuite à travers les rues, tandis que d’autres se retiraient en combattant La ville paraissait perdue, la voix encourageante de l’héroïque juive se trouvait couverte par le tumulte, lorsque le staroste se précipita, avec une partie de la garnison du château, du côté menacé, effectuant une sortie aussi fougueuse qu’inattendue.

Le pacha stimulait en vain la bravoure de ses soldats ; en vain, il ramenait les fuyards à coups de fouet sur le lieu du combat, la journée était perdue pour les Infidèles. Turcs et Tartares, ne songeant plus qu’à leur salut personnel, se réfugièrent sous leurs tentes, poursuivis par les balles et les boulets des assiégés. La terre, au loin, était jonchée de morts et de blessés, le sang formait des ruisseaux pourpres dans la neige.

Au haut des remparts, cependant, la lutte se poursuivait. Les souples musulmans fauchaient avec leurs yatagans, d’une manière terrible les rangs des chrétiens et des juifs. Ceux-ci, en re-