Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
LA JUDITH DE BIALOPOL

Personne, dans Bialopol, ne se faisait d’illusion sur la résistance prolongée des petites et minces murailles ; mais ce n’était pas la manière des Turcs, ni de leurs alliés nomades, de réduire une ville par la persistance. Ils tentaient de s’en emparer du premier coup et, en cas d’insuccès, s’en retournaient aussi brusquement qu’ils étaient venus.

Ils agirent de même à Bialopol et n’attendirent pas d’avoir ouvert une brèche, pour déployer le drapeau rouge et donner l’assaut, au milieu du bruit assourdissant des timbales, des trompettes et des tambours. L’attaque se fit de tous les côtés à la fois, afin d’occuper tous les défenseurs en même temps et de les induire en erreur au sujet du but visé. Après que les assiégés eussent, en plusieurs endroits, approché des remparts et commencé à les escalader en montant sur les épaules les uns des autres, une troupe choisie de fantassins du pacha qui commandait la petite armée des assiégeants, s’élança sur la porte orientale et, avec des invocations à Allah, s’empara du petit fort en forme d’angle obtus, qui la protégeait, massacra les hommes qui le gardaient et attaqua la porte en l’entamant à coups de hache et de bélier.