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LA JUDITH DE BIALOPOL

chef, un schah, fit à cheval le tour de la ville, cherchant à se rendre compte de la résistance qu’elle pouvait offrir.

Le soir, on vit briller au loin les feux de bivouac musulmans. Ils formaient un vaste cercle flamboyant autour de la malheureuse Bialopol, tandis qu’un autre cercle, plus vaste, était formé au loin par les villages et les fermes en flammes ; bordant l’horizon d’une ligne de feu et embrasant le ciel.

Un profond silence régnait dans le camp et cependant personne, dans Bialopol, ne put fermer l’œil. Chacun se préparait, à sa manière, à la défense de la ville contre les barbares assiégeants. Une activité fiévreuse régnait dans les étroites ruelles de la cité juive, dont les habitants manifestaient un courage et un esprit de sacrifice imprévus.

Parmi les maigres et pâles hommes du Ghetto, se trouvait le riche marchand Abrahamek, occupé, tout comme ses coreligionnaires moins fortunés, à se préparer au combat imminent. Il était jeune encore et, grâce à l’aisance que lui avaient laissée ses parents, vigoureux et imposant, comme les juifs de cette époque ne l’étaient que rarement. Son vi-