Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
LA JUDITH DE BIALOPOL

et retourna auprès de ses cavaliers. Ils semblèrent se concerter ; puis, tout à coup, élevèrent des cris de guerre sauvages et assaillirent la ville de tous les côtés à la fois, décochant leurs flèches, qui tombèrent comme une grêle.

La garnison répondit par des coups de canons et d’arquebuses. Des deux côtés, il y eut des morts et des blessés, mais les sauvages enfants de la Crimée ne prenaient pas le siège au sérieux. Leurs intentions étaient tout autres. Au galop, ils s’approchèrent des fugitifs tassés sous les murailles et en proie à une terreur croissante, et lancèrent sur eux leurs lacets. Quand un des sinistres cavaliers avait ainsi capturé sa victime, il s’en retournait, la traînant impitoyablement après lui. Les défenseurs de la ville qui assistaient à ce déchirant spectacle, aperçurent au loin des scènes plus cruelles encore. Ils virent les cavaliers traquer les fugitifs cachés dans la forêt, massacrer les hommes, accoupler femmes et enfants comme des chiens, et les emmener en esclavage.

Dans le courant de la journée, des hordes plus nombreuses arrivèrent et établirent leur camp hors de la portée des canons. C’étaient des Turcs. Leur