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LA JUDITH DE BIALOPOL

Les sinistres lueurs éclairaient le ciel hivernal et les gigantesques colonnes de fumée semblaient avertir les habitants de Bialopol, les encourageant à une résistance opiniâtre, au combat à mort.

Peu de temps avant le lever du soleil, les premiers cavaliers tartares passèrent sur leurs petits chevaux noirs, semblables à des esprits infernaux, sur la grande plaine blanche couverte de neige. Quelques-uns s’approchèrent de la ville avec curiosité, espionnant ce qui se passait autour des remparts. On reconnaissait distinctement leurs maigres visages jaunes et leurs petits yeux fendus sous les rouges bonnets carrés.

Un coup de canon suffit à les disperser. Mais, au bout de quelques heures, ils revinrent plus nombreux et galopèrent autour des murs, en masses noires et compactes. Il en venait à chaque instant de nouvelles hordes, finalement, un chef s’avança, sommant la ville de se rendre.

Le staroste fit répondre que la ville et le château étaient armés pour se défendre et approvisionnés de munitions pour plus d’une année.

Le tartare fit étinceler son sabre courbe au soleil