Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/407

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
404
LE PALAIS ROUGE

rité ailleurs. Au dernier moment, Platon Soubow insinua qu’avant de se risquer à un coup de force aussi audacieux, il serait bon de s’assurer de l’approbation du Césaréwitsch. Le comte Pahlen fut chargé de cette dangereuse mission.

Le grand-duc Alexandre rejeta d’une façon si catégorique toute proposition de se mettre à la tête des mécontents, que les conjurés se trouvèrent tout déroutés, ne sachant plus se résoudre à prendre une décision.

Les jours passaient sans profit. Déjà, les malles de l’Empereur étaient prêtes pour le départ et Arakcheiew, arrivé dans la capitale.

Le matin du 23 mars, le Czar se plaignit à Argamakoff de violents maux de tête et d’un sommeil agité. Il s’habilla et alla, accompagné de son adjudant, inspecter le palais rouge.

— N’est-il pas magnifique comme cela ? dit-il en s’arrêtant devant la façade.

— Je trouve qu’il offense la vue, répliqua Argamakoff avec humeur. On le dirait trempé dans du sang.

— Dans du sang ! d’où te vient cette pensée ? s’écria l’Empereur surpris ; j’ai rêvé cette nuit que j’étais couché dans un cercueil, voguant sur une mer