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LE PALAIS ROUGE

mauvaise direction du duc de Norx, rendit vains les succès remportés par nous, et, pour finir, on négocia une capitulation, la plus honteuse que jamais général anglais eût signée. Quoi de plus naturel que le Czar, dans ces conditions, rappelât ses troupes, se détachât de la coalition et, même, renvoyât de Russie l’ambassadeur autrichien ?

— Tout cela peut être vrai, observa le général Beningsen ; mais ce n’est pas une raison pour tomber dans l’excès contraire, persécuter ses anciens amis et rechercher les ennemis qu’auparavant on abhorrait.

— Vous oubliez, général, que simultanément, toute la situation se modifiait. L’anarchie française avait trouvé son maître en Bonaparte. C’est au conquérant de l’Égypte et au vainqueur de Marengo que vont l’admiration et la sympathie de Paul Ier, qui l’appelle le grand homme et fait placer son buste à l’ermitage. Bonaparte lui a généreusement renvoyé 7.000 prisonniers — dont nos amis, les Anglais, refusaient de faire l’échange — habillés de neuf, munis de leurs armes et accompagnés d’un message infiniment flatteur pour le Czar et son armée, tandis que l’alliée de celui-ci, l’Angleterre,