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LE PALAIS ROUGE

— Il t’a parlé d’amour ?

— Et je l’ai repoussé.

Alors, pourquoi cette scène avec Argamakoff ?

— Parce que cela m’amuse de le tourmenter, repartit Axinia avec gaîté. Je ne songe pas à accorder au Czar la plus minime faveur.

Le Prince hocha la tête.

— Paul est un tyran capable de t’arracher cette faveur. Sois prudente. Encore un peu de temps et tout pourra changer.

— Quoi ? questionna la jeune fille, dont la curiosité s’éveilla. Qu’est-ce qui doit changer ?

— Argamakoff, répondit le père en baisant tendrement sa fille sur le front. Réconcilie-toi avec lui, je ne puis m’en passer, maintenant moins que jamais.

— Qu’est-ce qui doit changer ? répéta la jeune Princesse. Pourquoi ne peux-tu te passer d’Argamakoff, père ? continua-t-elle en enlaçant son père de ses bras. Tu me caches quelque chose, un secret…

— Qu’est-ce qui te prend, petite ? Sois tranquille, très tranquille, et ne joue pas avec des lions et des tigres, comme avec de simples moutons. Axinia et Argamakoff, réconciliez-vous !