Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
387
LE PALAIS ROUGE

— C’est un devoir d’aimer son souverain.

— Et ce devoir vous est facile ?

— Ne me pressez pas ainsi, Majesté, repartit la Princesse. Si vous voulez être aimé pour vous-même, oubliez votre puissance et votre haute situation. Rapportez-vous-en à moi. Je vous donnerai réponse quand je me serai recueillie et que je me sentirai affranchie de l’autorité que vous donne votre rang. Les cœurs se peuvent toucher, mais non violenter.

— Je vous remercie, Princesse, s’écria Paul Ier en baisant tendrement la main de la belle jeune fille. Je vous promets d’être patient ; mais, de votre côté, songez à l’importance de votre décision. D’elle peut dépendre une ère nouvelle pour la Russie et, en tous les cas, l’heur ou le malheur de mon existence.

L’Empereur s’inclina très bas et la Princesse sortit précipitamment.

Pendant deux jours entiers, Argamakoff ne se laissa point voir au palais Wernichkoï. Le troisième, il accourut, en proie à une violente agitation, demandant à parler à Axinia.

Elle le fit attendre pendant quelque temps, puis il fut introduit. Elle était en compagnie de son père,