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LE PALAIS ROUGE

— Un sentiment de cette nature, s’adressant à vous, Sire, serait une témérité. D’ailleurs vous n’êtes pas homme à vous en contenter.

— Laissez-moi vous voir de temps en temps, s’écria Paul ému, peut-être, ma solitude, mon abandon et ce noble sentiment que vous m’avez inspiré toucheront votre cœur.

— Je ne puis vous écouter plus longtemps, Majesté.

— Vous me repoussez, balbutia le souverain qui se leva tremblant et dont les sourcils se contractèrent de façon menaçante.

— Je dois vous prier de ne pas tourmenter une pauvre fille dont la main n’est plus libre.

— Vous aimez quelqu’un !

— Eh bien, oui.

— Nommez-moi cet heureux mortel.

— Pour le désigner à votre rancune, Sire ?

— Me jugez-vous aussi bas et cruel ? Eh bien, je ne vous le demande plus. Donnez-moi seulement quelque raison d’espérer.

— Qui donc est sans espoir ? fit la jeune coquette.

— Vous ne me haïssez point ! s’écria Paul en lui prenant la main.