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LE PALAIS ROUGE

hasard providentiel qui m’a révélé votre existence. Je vous aime. Soyez bonne, soyez compatissante, dites-moi seulement que vous ne me haïssez point.

Axinia baissait les yeux et ne trouvait point de paroles.

— Ne craignez pas, ange du ciel, poursuivit Paul Ier, que je vous demande rien qui puisse blesser votre honneur. Je serais satisfait et complètement heureux si, seulement, je me savais aimé, aimé pour moi-même. Personne encore ne m’a aimé, pas même ma mère, et, peut-être, elle moins que toute autre. Elle ne m’a témoigné que de l’aversion et de la défiance. Tandis que ses favoris s’enrichissaient aux dépens de l’État, je manquais souvent du nécessaire. Elle a pris mes enfants à leur naissance et élevés dans un palais. Jamais aucun ne m’a témoigné d’affection. L’Impératrice… laissez-moi n’en point parler, dans cette belle statue de marbre, ne bat point de cœur humain. Mes fils entretiennent des relations criminelles avec mes ennemis, et, déjà, le prince héritier tend la main vers ma couronne. Je suis seul, sans ami, sans amour. Oh ! dites-moi que vous me plaignez, que vous avez pitié de moi.