Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
LE PALAIS ROUGE

— Mesdames, je vous remercie, dit-il, bonne nuit !

Puis, pinçant la joue d’Argamakoff :

— C’est toi qui as le meilleur goût, mon garçon, dit-il, et il quitta la salle.

— En voilà une histoire ! s’écria Argamakoff en se tordant les mains. Il n’osa même plus reconduire la Princesse jusqu’à son traîneau.

— Eh bien, n’ai-je pas raison ? fit le colonel. Un tyran ou un fou. Dans les deux cas, un homme à qui il est dangereux de confier un empire.

— Votre langue finira par vous coûter la tête, colonel.

Tatarinoff eut un sourire de pitié.

Les familles d’Argamakoff et d’Axinia vivaient depuis près d’un siècle en bonne relation de voisinage et d’amitié, et les jeunes gens étaient pour ainsi dire, promis.

Quand le jeune officier vint à Pétersbourg, il fut tout de suite un hôte favoris de la maison de la Princesse. Il vit grandir la jeune fille sous ses yeux et cela parut tout naturel qu’il l’aimât et en