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LE PALAIS ROUGE

chambre impériale. Paul sortit aussitôt de ses appartements, salua légèrement de la main les femmes inclinées et les examina d’un coup d’œil rapide et perçant.

— Grâce, petit père, je suis innocente, supplia la bourgeoise en tombant à genoux.

Paul éclata de rire.

— Relevez-vous, ma brave femme, et vous, Mesdames, n’ayez crainte, dit-il. J’ai pris sur moi d’apaiser une querelle de mes adjudants, en décidant laquelle de vous était la plus belle. Enlevez vos manteaux et vos voiles.

Assistées de leurs adorateurs, les quatre femmes se dépouillèrent précipitamment de leurs enveloppes hivernales, et le Czar se mit à les étudier à travers son lorgnon. Le choix n’était point facile. Chacune des quatre rivales était, dans son genre, une beauté. La comtesse Pahlen à l’allure hautaine, au visage d’une régularité classique, aux cheveux et aux yeux noirs ; Mlle Okolenski, fine et languissante ; la femme du marchand Saulow, une grande et opulente blonde ; la Princesse, élancée et gracile, d’une grâce sémillante, d’un charme plein d’espièglerie. Le Czar hésita longtemps et finit par s’incliner devant la princesse Wernitckhoï.